Source : The Clinical Role of Herbal Medicine-Based Traditional Asian Formulas for Cancer Treatment and Prevention, Current Issues in Molecular Biology, 2023. DOI : 10.3390/cimb43010079
Méta-title : Plantes médicinales et cancer : ce que dit la science
Méta-description : De nombreuses plantes médicinales asiatiques démontrent des effets anticancer. Curcuma, thé vert, ginseng… Voici ce que révèle la recherche.
Le contexte et l’objectif de cette étude
Avec la montée des cancers dans le monde, la médecine moderne cherche de nouvelles pistes thérapeutiques. En parallèle, l’usage de plantes médicinales traditionnelles, notamment en Asie, suscite un intérêt croissant. Ces remèdes issus de l’Ayurveda, de la médecine traditionnelle chinoise, japonaise ou coréenne sont utilisés depuis des siècles pour renforcer le corps, combattre les tumeurs ou prévenir les rechutes.
L’étude publiée en 2023 dans Current Issues in Molecular Biology dresse une synthèse scientifique des plantes médicinales asiatiques les plus prometteuses dans la prévention et le traitement du cancer. Elle met en lumière leurs mécanismes d’action, leurs cibles biologiques, les types de cancer concernés, et leurs synergies possibles avec les traitements conventionnels.
1. Des plantes ancestrales aux effets validés
L’étude s’appuie sur des données récentes in vitro, in vivo, mais aussi cliniques. Parmi les plantes les plus documentées, on retrouve :
🌱 Curcuma longa (curcumine)
- Utilisé en médecine ayurvédique
- Propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires et antiprolifératives
- Inhibe la croissance tumorale dans les cancers du sein, côlon, pancréas
🍵 Camellia sinensis (thé vert – EGCG)
- Tradition chinoise
- Riche en catéchines qui inhibent l’angiogenèse (formation de vaisseaux alimentant la tumeur)
- Effet notable contre le cancer de la prostate et du poumon
🌿 Panax ginseng
- Médecine coréenne et chinoise
- Renforce l’immunité, freine les métastases
- Utilisé en prévention et en accompagnement de la chimiothérapie
🌾 Artemisia annua
- Antipaludique à l’origine, mais aussi actif contre les cellules cancéreuses
- Efficace contre le cancer du poumon, du foie et du côlon
🌶 Zingiber officinale (gingembre)
- Inhibe les signaux pro-inflammatoires
- Empêche la prolifération des cellules cancéreuses
2. Mécanismes d’action étudiés
L’étude met en lumière les voies biologiques ciblées par ces plantes :
- Apoptose (mort programmée des cellules cancéreuses)
- Inhibition de la prolifération cellulaire
- Blocage de l’angiogenèse (alimentation des tumeurs)
- Modulation immunitaire
- Stress oxydatif contrôlé
Par exemple, la curcumine et la berbérine activent la voie p53, connue pour réguler la mort des cellules défectueuses. D’autres plantes influencent les voies PI3K/Akt, MAPK, ou NF-κB, toutes impliquées dans la croissance tumorale.
3. Une complémentarité avec la médecine moderne
L’étude souligne que ces plantes ne doivent pas être considérées comme un substitut à la chimiothérapie ou à la radiothérapie. En revanche, elles peuvent :
- Renforcer l’efficacité des traitements
- Réduire les effets secondaires (fatigue, inflammation, immunodépression)
- Améliorer la qualité de vie des patients
Certaines plantes comme le ginseng rouge coréen, lorsqu’elles sont associées à des médicaments, réduisent la toxicitétout en maintenant l’efficacité anticancer.
4. Le cas du costus indien (Saussurea costus)
Parmi les plantes citées, le costus indien (Saussurea lappa ou costus racine) apparaît aussi comme un candidat sérieux. Il est reconnu pour :
- Son effet antioxydant et anti-inflammatoire
- Sa capacité à induire l’apoptose dans des lignées cancéreuses
- Sa richesse en sesquiterpènes (dehydrocostus lactone, costunolide)
Déjà évoqué dans d’autres études (voir cet article dédié au costus et au cancer), il mériterait davantage d’essais cliniques pour confirmer son efficacité.
5. Vers une intégration en oncologie intégrative ?
Les auteurs concluent en appelant à un cadre clinique plus rigoureux. Il faut standardiser les extraits, définir les dosages optimaux, et encadrer les prescriptions pour garantir l’efficacité et la sécurité.
Cette démarche pourrait faire émerger une oncologie intégrative, combinant :
- traitements conventionnels (chimiothérapie, chirurgie)
- phytothérapie validée scientifiquement
- accompagnement nutritionnel et psychologique
En résumé
✔ De nombreuses plantes médicinales asiatiques montrent un potentiel anticancer réel
✔ Leurs effets ont été validés par des mécanismes biologiques précis
✔ Elles peuvent renforcer les traitements classiques et en atténuer les effets secondaires
✔ Une approche intégrative, basée sur la science, pourrait améliorer la prise en charge des patients
🔗 Pour aller plus loin :
- Le costus indien et ses propriétés anticancer
- Comment utiliser la phytothérapie en soutien d’un traitement médical ?
- Plantes adaptogènes et système immunitaire : ce que montre la recherche
📚 Bibliographie
- Kim, S., & Lee, J. (2023). The Clinical Role of Herbal Medicine-Based Traditional Asian Formulas for Cancer Treatment and Prevention. Current Issues in Molecular Biology, 43(1), 79. https://doi.org/10.3390/cimb43010079