Costus indien et COVID-19 : un remède naturel prometteur contre la protéase virale ?

Source : Phytochemical Discrimination, Biological Activity and Molecular Docking of Water-Soluble Inhibitors from Saussurea costus Herb against Main Protease of SARS-CoV-2, Molecules, 2022.


🧭 Contexte et objectif de l’étude

Depuis l’apparition du SARS-CoV-2, de nombreuses recherches ont été menées pour identifier des traitements complémentaires ou naturels pouvant agir contre ce virus. L’une des pistes explorées consiste à bloquer la protéase principale (Mpro) du virus, une enzyme essentielle à sa réplication. C’est dans ce contexte que des chercheurs ont décidé d’étudier les propriétés du Saussurea costus, une plante médicinale ancestrale connue pour ses effets antimicrobiens et anti-inflammatoires.
L’objectif de cette étude était d’analyser les composés actifs solubles dans l’eau du costus indien et d’évaluer leur capacité à inhiber la protéase du SARS-CoV-2, à travers des tests in silico (modélisation moléculaire) et in vitro (sur cellules humaines).


🌿 Le costus indien : une plante médicinale aux mille vertus

Le Saussurea costus, plus connu sous le nom de costus indien, est une plante traditionnellement utilisée en médecine ayurvédique, chinoise et tibétaine. Réputé pour ses propriétés anti-inflammatoires, digestives et antioxydantes, il suscite aujourd’hui l’intérêt de la recherche scientifique pour une toute autre raison : son potentiel antiviral contre le SARS-CoV-2, le virus responsable de la pandémie de COVID-19.

Une étude récente publiée dans la revue Molecules a analysé les composés actifs extraits du costus indien afin d’en évaluer l’efficacité contre la protéase principale du coronavirus (Mpro), une enzyme essentielle au cycle de réplication du virus. Les résultats sont prometteurs et méritent d’être vulgarisés pour mieux comprendre les applications possibles de cette plante exceptionnelle.


🔍 Objectif de l’étude : bloquer une enzyme clé du virus

Le SARS-CoV-2 a besoin d’une enzyme particulière – la Mpro (Main Protease) – pour se reproduire dans les cellules humaines. L’objectif des chercheurs était d’identifier dans le costus des inhibiteurs naturels capables de bloquer cette enzyme, et donc de freiner la réplication virale.

Plutôt que d’utiliser des solvants chimiques, les scientifiques ont misé sur une méthode d’extraction douce à l’eau, plus écologique et proche d’un usage domestique (infusion, décoction). Ils ont ensuite combiné des analyses phytochimiques, des simulations de docking moléculaire, ainsi que des tests biologiques in vitro sur des cellules humaines (HEK293T-ACE2).


🧪 Des résultats prometteurs : des composés naturels actifs

L’analyse GC-MS (chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse) a révélé la présence de 48 composés actifs dans l’extrait aqueux de costus, dont :

  • des acides gras (73,8 %),
  • des tanins,
  • des terpénoïdes,
  • des glucides,
  • et des stérols.

Parmi eux, l’andrographolide et le delta-4-androstene-3β,17β-diol ont montré la meilleure affinité avec la Mpro du coronavirus lors des simulations de docking. Cela signifie qu’ils pourraient potentiellement se fixer sur l’enzyme et l’empêcher de fonctionner, avec une énergie de liaison comparable à celle de certaines molécules antivirales de synthèse (−6,5 kcal/mol).


💡 Ce que dit la recherche sur l’efficacité réelle

L’étude va plus loin qu’une simple simulation : elle a aussi testé l’extrait de costus sur des cellules humaines infectées. Résultat ?

  • L’extrait n’a pas d’effet virucide direct (il ne tue pas le virus en dehors des cellules).
  • Mais il agit après l’entrée du virus dans les cellules, ce qui suggère un effet sur la réplication ou la synthèse virale.

En parallèle, les chercheurs ont observé que l’extrait :

  • réduit l’adhésion des micro-organismes,
  • inhibe la prolifération du virus HSV-1 (herpès),
  • et présente une faible toxicité cellulaire.

🌿 Vers une utilisation naturelle à visée préventive ?

Même si les preuves restent préliminaires, cette étude ouvre des pistes intéressantes pour une utilisation complémentaire du costus indien, par exemple sous forme :

  • de tisane de racines (infusion dans l’eau),
  • de complément alimentaire,
  • ou de produit d’hygiène (bain de bouche, spray nasal).

Ces usages ne remplacent évidemment pas un traitement médical, mais peuvent soutenir les défenses immunitaires, réduire les risques de co-infections et améliorer l’hygiène buccale ou respiratoire. En particulier, l’action antibactérienne et antifongique du costus pourrait en faire un allié naturel dans la prévention des complications respiratoires.


⚠️ Précautions d’usage

Le costus, bien que naturel, n’est pas exempt de contre-indications. Il doit être utilisé avec prudence :

  • en cas de grossesse ou d’allaitement,
  • chez les enfants,
  • ou chez les personnes prenant un traitement médical (par interaction possible).

Il est recommandé de demander conseil à un professionnel de santé avant de consommer des plantes médicinales de manière prolongée.


✅ Conclusion

L’étude publiée dans Molecules en 2022 apporte un éclairage nouveau sur le Saussurea costus : au-delà de ses usages traditionnels, cette plante montre un véritable potentiel antiviral contre la protéase du SARS-CoV-2. Grâce à une extraction à l’eau, des composés naturels aux effets protecteurs ont pu être identifiés, offrant des perspectives intéressantes en prévention ou en complément d’autres approches.

Face à une demande croissante pour des solutions naturelles, le costus indien confirme une fois de plus sa place parmi les plantes médicinales à fort potentiel thérapeutique.


📚 Bibliographie

  • Alsulami, A. A., et al. Phytochemical Discrimination, Biological Activity and Molecular Docking of Water-Soluble Inhibitors from Saussurea costus Herb against Main Protease of SARS-CoV-2. Molecules 2022, 27, 4908. https://doi.org/10.3390/molecules27154908
  • Chen H, et al. (2018). Anti-inflammatory effect of costunolide via inhibition of AP-1. Biomedicine & Pharmacotherapy.
  • Lee et al. (2001). Costunolide induces apoptosis in HL-60 cells via ROS generation. Cancer Letters.
  • Gaffer H, et al. (2019). Thyroid dysfunction in Saudi population. Saudi Medical Journal.
  • Zhang T. et al. (2020). Therapeutic targets of plant-based molecules in SARS-CoV-2. Frontiers in Pharmacology.

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